Le métier à dentelle est issu des métiers à tulle inventé en Angleterre, en 1809, à Nottingham, par John Heathcoat, un tout jeune mécanicien, qui utilisait l’association d’un système à bobines et charriot.
En 1825, Jean Claude Dognin, tulliste lyonnais, s’associe à Auguste Isaac inventeur du procédé appliquant le système Jacquard-Vincenzi au métier à bobines. Ce métier, dont beaucoup seront fabriqués à Villeurbanne, sera celui du Label « Dentelle de Lyon ». À la même période, l’anglais Leavers eut l'idée d'allier la technique Jacquard au procédé mécanique du métier à bobines. Le métier à tulle a pu évoluer vers un véritable métier permettant de réaliser les motifs de la dentelle. Ce système sera utilisé jusqu’à nos jours pour la dentelle mécanique de Calais.
La dentelle à la main n’est pas seulement une technique c’est un art
Le point de base se fait toujours avec quatre fuseaux, deux fuseaux de chaîne et deux fuseaux de travail, et se décompose en deux mouvements l’un vers le centre l’autre vers l’extèrieur. Ce mouvement permet un croisement des fils et donc le point de base de la dentelle à la main.
Le mat ou toilé
La Grille ou demi point
dentelle mécanique
La dentelle mécanique est une technique au service de l’art dentelier.
Selon le dessin de la dentelle défini par le système Jacquard, les bobines contenant le fil de trame sont insérées ou écartées par un mouvement de « balancier « de part de d’autre du fil de chaine.
Le mécanisme d’avancement du métier commande le déplacement des bobines autour du fil de chaine réalisant le point de base de la dentelle mécanique. Cette rotation peut être doublée, multipliée.
Le pas de déplacement au long de la chaine peut être plus ou moins important selon la densité du dessin.
L’ensemble bobine est constitué : – d’un chariot support qui permet, d’une part, la rotation de la bobine pour dévider le fil et, d’autre part, le déplacement lors de la réalisation du point ; - de la bobine dans laquelle le fil utilisé est enroulé en spirale.
La bobine et et le chariot avec le tendeur de fil
L’ensemble bobine et chariot monté
La finition de la dentelle
Un métier à dentelle mécanique était monté pour la réalisation de plusieurs éléments de formes différentes afin d’ajuster au mieux la charge du métier. Ces éléments étaient disposés sur toute la largeur du métier et longueur de travail.
La possibilité de réaliser plusieurs points différents sur une même ligne de travail permettait la réalisation de dentelles diversifiées.
La définition de la dentelle était assurée par la réalisation des cartons de commande du jacquard. Les éléments étaient ensuite découpés selon leur forme.
Sur la photo quelques éléments ont déjà été découpés
La découpe de la pièce en dentelle et la finition de la bordure était réalisé par un outil thermique : le « coupe-nyl » Cette découpe était réalisée après les opérations de broderies.
Deux napperons brodés avant et après découpe.
La broderie de la dentelle
L’une des spécificités du label « Dentelle de Lyon » était la broderie après réalisation de la dentelle sur le métier. La broderie était réalisée à l’aide de machine à broder de type Cornally ou de type Michalet
« … La brodeuse est assise devant la machine, ses pieds appuient sur des pédales qui font tourner une roue (...) Tout cela actionne une aiguille (...) qui pique et repique l'étoffe, s'y enfonce avec une vitesse vertigineuses en formant à la surface de cette étoffe des broderies de fils d'or ou de soie ; L'ouvrière a une main sous la table de sa machine et elle tient une poignée qu'elle tire, qu'elle repousse, avec une rapidité furieuse (....) c'est cette poignée qui lui permet de diriger comme il faut son aguille et de suivre tous les détails de son dessin de faire des dents, des ronds, des enroulements.... »